À l'occasion du vernissage de son exposition rétrospective au Théâtre de Jean Vilar de Vitry-sur-Seine le 7 octobre 2021 TANGIBLE a organisé une table ronde autour de la thématique des chantiers du vivant
L'événement donnait la parole à des chercheurs du Muséum National d’Histoire Naturelle, ainsi qu'a des écrivains. Tour à tour, les invités se sont exprimés sur des questions relatives à la biodiversité ordinaire, au patrimoine, à la mémoire ouvrière et au devenir des espaces transitionnels.
En ces temps de confinement, il ne nous est plus possible d’observer et de relever l’évolution du vivant à l’intérieur de la centrale.
Sauve qui peut … les boulets rejoignent leur position juste à temps…
Quelques jours avant le début du confinement, l’équipe de TANGIBLE a pu procéder à la sortie des boulets du cœur de l’usine, première étape nécessaire à leur ensemencement.
… MAIS UN ENSEMENCEMENT DÉCALÉ JUSQU’À NOUVEL ORDRE.
Pour la suite du processus, il va falloir être patient, les mousses qui avaient été isolées et préparées pour être semées sur les boulets ne pourront pas être utilisées à temps et seront probablement perdues. Cependant, nous comptons sur nos veilleurs discrets pour observer la croissance du vivant dans la centrale en attendant notre retour espéré début septembre.
… EN ATTENDANT bien loin de la centrale
Les TANGIBLE dispersés et isolés, n’en restent pas là ! Des tentatives concertées d’ensemencement d’objet métalliques éclosent ça et là. Des mousses prélevées sur des cuves sont réduites en broyat puis déposées et fixées à l’aide de toiles d’araignées sur des boules de pétanques.
En arpentant l’ancien bloc-usine, à l’arrêt depuis 2015, TANGIBLE a pu constater la présence de mousses, de fougères et l’apparition de traces animales.
Soucieuse de comprendre l’action du vivant sur le démantèlement de la centrale, TANGIBLE a invité plusieurs chercheurs et naturalistes pour faire l’inventaire du vivant dans le lieu.
Un terrain de recherche hors norme
Après un premier échange avec Xavier Japiot, naturaliste, rencontré au Musée de la chasse et de la nature dans le cadre d’un séminaire. TANGIBLE a invité les chercheurs Sébastien Leblond et Caroline Meyer, spécialistes des mousses et des lichens au Muséum National d’Histoire Naturelle à investir l’ancienne usine à charbon pour effectuer des relevés et y développer l’étude des écosytèmes présents.
Explorer le bloc usine de la centrale en démantèlement offre un cadre d’investigation inhabituel pour l’étude de la re-colonisation d’un milieu vierge par les végétaux. Cette collaboration apportera des réponses scientifiques sur les mécanismes de développement des mousses sur des substrats métalliques, sujet peu étudié. TANGIBLE a donc souhaité travailler avec les 2 chercheurs sur la colonisation du métal rouillé par le vivant.
Une étude expérimentale sur l’ensemencement et la croissance de mousses sur des boulets en acier débutera en octobre 2019. Cette étude a pour objectifs de développer une méthodologie de culture de mousses sur des surfaces rouillées et de comprendre les mécanismes et les facteurs
impliqués dans la croissance des mousses. Outre l’apport scientifique du projet, celui-ci favorisera l’utilisation des mousses dans le monde de l’art et fera découvrir au public l’émerveillement de la naissance d’un nouvel écosystème.
Pour l’occasion, le laboratoire de chimie de la centrale sera remis en fonctionnement et nous servira de support de mise en scène pour regarder le vivant de près et l’accompagner dans son développement et son chemin de mutation. C’est Pierre Noël, naturaliste et spécialiste des crustacés d’eau douce, qui guidera l’équipe pour les mises en culture au sein du laboratoire réhabilité.
Concernant les espèces animales, Christine Rollard, spécialiste des araignées a rejoint l’équipe.
Qui vit et se développe dans la centrale ?
Quatre espèces différentes d’araignée ont été déjà répertoriées. Deux espèces de pholques avec leur toile en nappes caractéristique dont une du groupe des tégénaires dont la toile est prolongée par un entonnoir qui se loge plutôt dans les angles. Belle trouvaille de ces recherches une ponte de zoropse à pattes épineuses qui est une espèce sans toile. Ont également été identifiées également des opilions, un autre arachnide communément appelé « faucheux » . Selon Christine Rollard, les araignées sont les premières à avoir colonisé la centrale et c’est par l’accumulation des graines qui se logent dans leurs toiles que l’ensemencement des sols débute.
L’apparition de fougères, scolopendres, ainsi que des tardigrades (animal unicellulaire), repérés par Pierre Noël, et plusieurs autres cyanobactéries, comme les nostocs qui se développent dans les mousses à été observée. Ces organismes témoignent d’une trame verte qui arrive à prendre possession de l’intérieur de la centrale. On peut donc observer un cycle se mettre en place dans une échelle de temps concomitante à celle du démantèlement. Il s’agit de mener une étude sur le développement du vivant dans cet espace intermédiaire et normalement inadapté à devenir un abri-gîte pour ces espèces.
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<p> »]Pour TANGIBLE, la place du végétal sur le site de l’ancienne centrale EDF est au cœur du projet Points de vue (2018-2020).
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Les actions en 2018
Depuis 2018, les archéographes ont pu observer, récolter et accompagner le développement de ce nouvel écosystème en germe depuis la fermeture industrielle du site. Lors des visites archéographiques de juin 2018 dans le parc à charbon, les archéographes ont rendu le public parti prenante de la pérennité symbolique et esthétique de cet écosystème naissant, en observant les diverses espèces végétales présentes sur le site et également et en semant de manière éparse quelques graines des espèces identifiées, scellant ainsi l’engagement du site à se renouveler. La recherche artistique menée sur le site d’avril à octobre 2018 amènera TANGIBLE a célébrer le retour du végétal dans le parc à charbon, propagation d’une nouvelle énergie.
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<p> »]Depuis janvier 2019, c’est le corps de l’usine qui devient le terrain de création de TANGIBLE. C’est à travers une des fictions documentaires (baptisées les Mues, dont le tournage débutera en mai 2019) que le végétal est de nouveau mis à l’honneur cette année. Le travail d’inventaire des populations végétales actrices de la mutation du lieu se poursuit.
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Cette mue étudie l’action des plantes et des mousses sur la transformation du site et la possibilité d’une coopération humaine et végétale pour participer au démantèlement de la centrale. Il s’agit donc d’un acte de végétalisation.
Des pièces emblématiques de la transformation du charbon en énergie – les boulets des broyeurs à charbon – seront le support de cette végétalisation qui activera le processus de leur décomposition. Avec l’appui de paysagistes, d’ethnobotanistes et d’éthologues, TANGIBLE souhaite inverser le point de vue sur l’usine pour la regarder à travers les « pores » du végétal ou de l’animal et de leurs actions respectives.
Egalement accompagnée par des spécialistes des bryophytes du Muséum National d’Histoire Naturelle, l’équipe artistique recouvrira les boulets de différents mélanges organiques afin d’étudier l’action chimique des mousses et lichens sur le métal et la possibilité de s’y développer. Pour l’occasion, le laboratoire de chimie de la centrale sera remis en fonctionnement et servira de support de mise en scène pour regarder le vivant de près et l’accompagner dans son développement et son chemin de mutation.