Recherche Art & Science

 Étudier l'interaction du vivant et du métal

Le projet B.O.U.L.E.T.S émerge durant la résidence de création du projet Points de Vue au sein de l'ancienne centrale à charbon d'EDF à Vitry-sur-Seine menée par l'équipe artistique de TANGIBLE de 2018 à 2021. Au contact des machines, aujourd'hui au repos, les artistes ont pu observer la progressive reconquête du vivant sur le métal inerte. La question de la disparition et de la dégradation de ces déchêts se pose alors ce qui amènent les artistes de TANGIBLE à inviter des chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle à observer l'évolution du vivant dans ce contexte inédit.

Sébastien Leblond et Caroline Meyer, spécialistes des mousses et des lichens poursuivent l'aventure avec l'équipe artistique de TANGIBLE qui entreprend, à l'issue de cette résidence, de déménager 8 boulets métalliques des anciens broyeurs à charbon afin de continuer les observations et de lancer une expérience d'ensemencement du métal.

L'hypothèse suivant est posée : Les mousses, lichens et algues vont-elles se développer et participer à la très lente décomposition du métal en le transformant en substrat organique ? Ou bien vont-elles participer à sa conservation en formant une sorte de biopatine ?

Les boulets voyageurs et le laboratoire nomade

 Poursuite de l'exploration au parc du Coteau Marcel-Rosette à Vitry-sur-Seine

Les boulets ont été disposés selon deux groupes au cœur du parc du Coteau Marcel-Rosette. Le premier groupe est dédié à la végétalisation des boulets en collaboration avec les habitants de la ville de Vitry-sur-Seine. Le deuxième groupe de boulets va permettre d'observer le développement végétal sur le métal sans intervention extérieure, ce groupe est dédié à l'observation avec les chercheurs du MNHN.

Au sein de sa roulotte de chantier, outil indispensable pour s'immerger dans un lieu, l'équipe de TANGIBLE a installé un laboratoire nomade au plus près des boulets dans le parc. Objet insolite et itinérant, composé de matériels d’observations scientifiques et d’inventaires d’informations prélevées, la roulotte constitue un véritable lieu-passerelle entre différentes échelles, reliant le microscopique et le milieu urbain.

Les actions culturelles : des ensemencements partagés

En plus des huit boulets, une cinquantaine de plaques métalliques ensemencées a été répartie :

• Chez des habitant·e·s volontaires. Ces vitriot·e·s deviennent jardinier·e·s et gardien·ne·s des plaques et s’inscrivent ainsi au coeur des recherches en devenant, au fil des saisons, ambassadeurs de l’expérience

• De janvier 2023 à juin 2024, TANGIBLE et une classe de 6^e du collège Audin – quartier des Ardoines – ainsi que 4 professeurs (Sciences de la Vie et de la Terre, Arts plastiques, Français et Anglais) travaillent ensemble : d’une part, en observant chaque semaine au moyen d’une campagne photographique, l’évolution des plaques ensemencées et présentes au collège (qui aboutira à une création photographique sous forme de timelaps) ; d’autre part, des ateliers en classe et en extérieur, permettent d’interroger les mutations du territoire aux abords de la zone industrielle des Ardoines, en croisant les notions scientifiques à travers la compréhension de l’écologie des mousses et lichens.

• D’étudiant·e·s du DSAA (Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués design, mention espace), ou encore de structures sociales et culturelles – l’Exploradôme, la galerie Jean-Collet. Ensemble, ils poursuivent les ateliers d’expérimentations et d’observations et deviennent à leur tour gardien·ne·s des plaques.